Un noyé à Chalon-sur-Saône

Extrait des minutes du greffe de la justice de paix
section du nord de la commune de Chalon s.S.
Au nom de la république française
Ce jour d'hui trois prairial an cinq de la république française,
à Chalon s.S. avant midi, nous Jean baptiste Marie Chofflet
juge de paix de la section du nord, commune dud. Chalon y résidant,
ayant avec nous le citoyen Jean Parisot, notre greffier ordinaire,
savoir faisons qu'ayant été averti qu'un individu s'était noyé
vers le jour d'hier, nous nous sommes transporté au bas du rempart
Ste-Marie, entre le quinconce et le bastion dud. rempart, où étant,
le cit. Joseph Mennetrier dit Carpet voiturier par eau demeurant au
faubourg Ste-Marie, nous a représenté un cadavre gisant et nous a
dit que le jour d'hier, sur environ les cinq heures du soir, un individu
qu'il ne connait pas, mais qui résidait en cette commune depuis quelque
tems, et qui n'était connu que comme déserteur étranger, vint se
baigner dans le creux au bas du rempart, et sur le bord duquel creux
gît encore le cadavre; qu'il s'est hâté de lui porter secours, sur les
cris de deux prisonniers de guerre qui étaient présens, et qui virent qu'il
se noyait, mais qu'il n'a pu le retirer de l'eau que sur environ les
cinq heures du matin, et a led. Mennetrier déclaré ne savoit signer de ce enquis.
A l'instant nous avons fait appeller les deux prisonniers de guerre,
lorsqu'ils nous ont été amenés par le cit. Heufeld inspecteur au dépôt de
Chalon s.S. lequel nous a dit que les deux prisonniers cy présens s'appelaient
l'un Stephan Tzotcheik, et l'autre Franz Hoffmann, tous deux
prisonniers au dépôt dud. Chalon, et qu'ils ne savaient parler le
français; nous avons en conséquence invité led. Heufeld à servir de
truchement auxd. prisonniers; lequel, après serment entre nos mains
prêté de nous traduire fidèlement la déclaration desd. prisonniers,
..............................................., led. Heufeld nous a déclaré que, le jour
d'hier, sur environ les cinq heures du soir, un individu inconnu auxd.
prisonniers, mais qu'ils reconnaissent pour être le même que celui
dont le cadavre est gissant, les avait engagés en langage allemand
de se baigner avec lui; que, sur leur refus, il s'était déshabillé et mis
à l'eau; qu'ayant traversé deux fois le creux à la nage, il était
revenu sur le bord, avait rendu de l'eau qu'il avait bu, et s'était
rejeté à l'eau, que ne l'ayant pas vu reparaître, mais seulement
un bras, ils avaient crié: au secours; et qu'un individu qu'ils ne
connaissent pas, était venu et l'avait cherché infructueusement,
qu'ils se sont ensuite retirés à leur caserne, et a led. Heufeld signé .............
Led. Heufeld nous a déclaré de plus qu'ayant fait l'appel des
prisonniers de son dépôt il ne lui en manquait aucuns.
Dont acte du tout nous avons dressé le présent procès verbal pour
valoir et servir ce que de raison, en foy de quoy nous sous sommes
soussignés avec le citoyen Heufeld et notre greffier; signé à la
minute, Heufeld, Chofflet et Parisot, greffier.

TD décès 1797-1797, im. 9 (AD71)